Geoffrey
ORYEMA |
Il est né en 1953 dans l'Est de ce qui est encore le Royaume de Buganda, futur Ouganda. Il est issu de la noblesse acholi, ses parents appartiennent à la nouvelle élite intellectuelle nationale et le plongent très tôt dans la culture traditionnelle. Adolescent, Geoffrey ORYEMA découvre la culture rock anglo-saxonne tout en continuant à s'initier à la flûte, au lukémé (le piano à pouces) et à la guitare.
Comme Geoffrey le rappelle lui-même : "Nous devions vivre au jour le jour avec, sous nos yeux, ce qui se passait dans la rue. Au vu et au su de tout le monde, des gens étaient abattus ou fourrés dans le coffre d'une voiture".
En Février 1977, son père, devenu ministre, disparaît mystérieusement dans un accident de voiture qui a tout de l'assassinat maquillé. Geoffrey ORYEMA décide de quitter son pays. Par amour de la langue française, il s'installe à Paris, alors la capitale de la nouvelle musique africaine.
ORYEMA enregistre son premier album, Exile, en 1990. Alternant morceaux à la guitare et titres accompagnés de harpe nanga, de sanza et de flûte nyamuleré, l'album est consacré par le grand public grâce au générique du Cercle de minuit "Yé lé lé". Puis s'enchainent les albums… en 1994, Beat The Border et en 1997, Night To Night.
Son 4ème album, Spirit, sorti en 2000,
est "un retour aux sources" se plaît-il
à dire. Il réunit des musiciens venus du jazz et du rock. Cependant,
sur ce disque poignant, Geoffrey se penche sur son passé ougandais
en dédiant une de ses chansons à son père. Il y visite
également toute la palette des musiques : les sonorités
rock de la guitare sèche se mêlent aux synthés
de la techno et aux accents rêveurs
de la nanga, du lukémé et de la sanza. Il introduit aussi la
calebasse qui offre un rythme rapide et gai.
Cet album pop et mélodique fait donc le plein d'électricité
et de dynamisme sans rompre avec la tradition africaine. Nous aurons le plaisir
de découvrir son tout dernier album durant le festival.
Nous avons souhaité accueillir Geoffrey
ORYEMA car il est, au même titre que Manu
DIBANGO et Youssou N'DOUR, l'un des ambassadeurs
de la musique africaine en France. Il affirme d'ailleurs : "Je
suis heureux de faire vivre mon pays à ma façon, avec ma musique,
parce que l'Ouganda a été détruit par la bêtise
humaine et la guerre ethnique".
La musique est pour lui "un contre-pouvoir, un
outil de communication" permettant de faire découvrir d'autres
cultures au public.
En effet, emblème de métissage entre l'Afrique
et l'Europe, il représente à merveille les artistes d'Afrique
noire que nous désirons faire découvrir au public. C'est un
peu "le chaînon manquant entre l'Afrique
et la techno globale… c'est le rock africain du monde" explique
Tewfik Hakem des Inrockuptibles.