Boubacar
TRAORE |
Il grandit dans cette ville, située à 400 km
de Bamako, et tout commence à la fin des années 50, à
l'époque du régime socialiste de Modibo Keïta.
C'est vers 57-58 que Boubacar apprend secrètement
la musique en dérobant la guitare de son frère.
Au début des années 60 il devient tailleur-coupeur à
Bamako Courra et démarre parallèlement dans un groupe de huit
musiciens, les Pionniers Jazz, en
Son passage à Radio Mali, en 1963, lui confère une notoriété sans pareil : il y chante huit chansons, dont Mali Twist et Kayeba, deux exhortations à la reconstruction du pays qui vont devenir des tubes sur lesquels tous les Maliens danseront.
"Le peuple malien m'aimait. J'étais son Johnny Halliday, son James Brown, mais je n'avais même pas de quoi payer des cigarettes !" car, sa musique, diffusée seulement à la radio, ne lui permet pas de vivre décemment. Pourtant, il est la star incontestée des grins, les petits clubs locaux, et est porté aux nues, en icônes yé-yé. Dans le paysage musical malien, Boubacar TRAORE fait figure d'exception. Son surnom "Kar Kar" (celui qui excelle dans les "dribbles") lui vient de l'époque où il était une gloire du football.
1967 marque un tournant : il repart alors à Nioro et
s'y installe en tant qu'ouvrier-agricole. L'oubli de son talent et de sa notoriété
se fait de plus en plus grandissant dès son retour dans sa ville natale.
Son silence durera près de 20 ans.
En 1981, son frère meurt. Le Mali tout entier pense que c'est Kar Kar,
et non son frère qui est décédé.
Mais en 1987, des journalistes de Bamako le retrouvent, par hasard, et il
accepte de donner une interview pour la télévision : l'heure
de la resurrection a sonné.
Il enregistre en 1989 la cassette Mariama,
puis ressort ses morceaux d'anthologie sur compact disques. Les concerts dans
le monde entier s'enchainent et Kar Kar s'installe avec toute sa famille sur
un terrain proche de Bamako.
Pour Maciré son 2ème
album pour Label Bleu, il s'est entouré de Habib
KOITE, son ami et fils spirituel, des musiciens du Bamako et de Kélétigui
Diabaté le virtuose du balafon et du violon mandigue.
L'essence du blues et bien là, l'Afrique reprend son héritage
pour mieux l'investir. De Sécheresse
à Maciré, en passant par Sa
Golo, ses derniers disques sortis en Europe ont été salués
avec enthousiasme par le public et la critique.
Douceur létale du chant, swing tellurique et fluide des lignes de guitare
acoustique, poésie du silence : c'est un blues simple et subtil triste
et serein. Kar Kar égrène des chansons épurées,
inspirées de la tradition Kassonké.
"Quand un homme qui était en prison depuis
30 ans devient président de l'Afrique du Sud, quand un homme qui ne
faisait plus de musique depuis 20 ans peut revenir à nouveau, c'est
Dieu qui fait ça. Qui d'autre pourrait faire ça ?".